Pourrions-nous, une fois pour toutes, arrêter de nous ridiculiser devant nos voisins et partenaires ? Le ridicule ressemble bien à une spécialité française dont nous détenons le triste secret de fabrication.
Il n’y a pas de nouveau monde.
Le nouveau monde promis par Macron ressemble tristement à l’ancien monde et ses dérapages grotesques. Je ne parlerai pas ici des histoires anciennes et graves, mais des histoires récentes qui font de la France la risée du monde. Je passe sur Mitterand et sa deuxième famille, à son enterrement. Ça avait du panache ! C’était beau comme un mariage princier au Royaume-uni. Nous donnions au monde une leçon de liberté à la française. #fièred’êtrefrançaise.
Avec Sarkozy, ce n’était déjà pas glorieux ! Le « Casse-toi pauvre con » qui met le président au niveau du con, ça faisait déjà tâche. Puis, il y eut l’affaire Strauss-Kahn. Sur ce coup là, on l’a échappé belle. Il était à deux doigts d’incarner la France ! Enfin, avec François Hollande, et l’affaire Léonarda, ou celle d’un président qui discute d’égal à égal avec une adolescente, on approchait vertigineusement les sommets du ridicule. Mais non ! Il y a eu aussi « Le président normal » qui allait voir une maîtresse en scooter, et en douce pendant que l’autre lavait son linge sale en public. Merci pour ce moment de rigolade ! Cette fois, le monde entier ricanait de nos histoires françaises, et l’on croyait avoir atteint le sommet du ridicule.
Pourtant, avec le candidat François Fillon on est tombé de notre chaise ! « Qui imaginerait le Général De Gaulle mis en examen ? » Mon dieu ! mais personne ! Alors à la suite de l’emploi supposé fictif de Pénélope, puis des enfants Fillon, voilà qu’on apprenait l’histoire des costumes que Monsieur se ferait offrir par un personnage douteux ! Là, c’en était trop ! Et ça n’avait même pas le charme grivois d’une histoire de cul.
Alors Fillon fit la coute-échelle à un gamin sorti de nulle-part qui prétendait laver « plus blanc que blanc » ! Et les français de l’élire parce qu’il promettait un nouveau monde sans linge sale et cadavres dans les placards. Mais on le sait « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient ! »
Avec l’histoire Benalla ou Benlala, la France se couvre de ridicule.
L’affaire Benala n’entre pas non plus dans la catégorie des histoires grivoises, du moins à ce stade de connaissance. Et franchement, apprendre qu’il y a une histoire de cul là-dessous, ça détendrait tout le monde ! Ça rigolerait à se tenir les côtes autour des barbecues ! On ressortirait un vieux tube : « Mélodie d’amour chante le corps d’Emmanuelle… » Mais non, ce serait trop beau ! Benalla ne rejoindra pas la liste des maîtresses royales et présidentielles.
Non, l’histoire Benalla n’est pas drôle, même si pour nos voisins et concurrents elle offre encore une belle occasion de se moquer des français, si prétentieux qu’ils veulent donner des leçons au monde. Qui sont, en plus, champions du monde… Champions du monde de la connerie. Je pense qu’on peut revendiquer ce titre. Alors certains, qui roulent pour Macron, s’aventurent à dire que « ce n’est pas bien grave » et qu’il faut « raison garder ». Dominique Jamet par exemple, doit frôler le gâtisme. Zut alors ! Le peuple et ses députés ne veulent rien entendre ! « Je ne sais rien ! » dit le Ministre de l’Intérieur. Et hop ! Tout le monde pouffe ! Ah mais si c’est grave qu’un gamin s’arroge un droit que la police n’a pas de maltraiter le peuple ! Pour sûr, ça ne fait pas rire. Que les forces de l’ordre jouent à Benalla et la foudre s’abattraient sur elles. L’IGPN entrerait en scène sans délai et les malheureux policiers seraient mis en examen aussitôt.
Trop d’histoire de dérapages policiers ont fait la une ces dernières années pour que les français puissent tolérer que n’importe qui se livre à de tels agissements. Or, si l’on enlève sa protection en haut lieu, Benalla c’est n’importe qui. Il aurait dû être licencié le 2 mai, avec une interdiction définitive d’exercer dans les domaines de la sécurité, sauf à faire du gardiennage sur des sites déserts.
Bref, nous, en France, on se tape le ridicule de défrayer la chronique avec une histoire de barbouserie digne des années 60 à l’époque 2.0, après que l’autre Tartuffe se soit lâché devant les objectifs de tous les smartphones environnants.
Et ce que veulent les français, ce n’est pas qu’un fusible saute, Non, les français veulent qu’on mette fin à « des copinages malsains », qu’on leur avoue la vérité, et qu’il n’y ait plus jamais de passe-droit. Macron s’avoue seul responsable. Mieux vaut tard que jamais ! Reste qu’il est coupable de n’avoir pas sanctionné son chouchou comme il le méritait. S’il est intouchable aujourd’hui, c’est dans les urnes que Macron sera sanctionné. C’est tout sauf « une affaire d’été » ou « une tempête dans un verre d’eau ». Le roman-feuilleton est trop long, Ben-lalala, y en a marre ! Tout le monde est las de cette affaire, et le bad boy relooké en gendre presqu’idéal, insignifiant et propret, peut pleurnicher dans les médias, il n’est ni crédible, ni sympathique. Arnaud Montebourg avait eu le bon sens de s’en débarrasser. Les français ont commis l’erreur d’élire un gamin qui se prend pour Jupiter. Il s’est installé à l’Elysée avec sa bande. Les uns et les autres se conduisent avec l’arrogance et le sentiment d’impunité de la jeunesse.
Ce 31 juillet à l’Assemblée Nationale, André Chassaigne, citant René Char et Roger Caillois a très bien parlé. Je n’ai rien à ajouter.
En attendant, encore une fois, la France offre à l’étranger le spectacle d’un pays bien étrange où il se passe, dans les coulisses du pouvoir, des choses insensées qu’on ne supporterait dans aucune autre démocratie.