A la fois danse et théâtre, un spectacle surréaliste et sublime, d’après une chorégraphie et une mise en scène de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault.
Vous voulez du sublime ? En voilà ! J’entends par là, de l’esthétique, du sensible, du poétique.
Imaginez une scène noire, avec, dans un rai de lumière, le danseur, le poète, retenu par une corde, qui pourrait être ses chaînes, se contorsionnant en ricanant pour essayer d’atteindre une couronne posée loin devant lui.
Va-t-il se libérer de ses attaches pour s’emparer du pouvoir ou de la gloire ?
L’émotion nous étreint dès ce premier tableau.
Imaginez un danseur qui «joue» la poésie d’Aragon ou de Sheakspeare, accompagné par le son d’un piano.
Imaginez un danseur qui danse, avec la peau brillante, les muscles sculptés par la lumière, soulignés d’ombre. Imaginez un poète qui crée son univers, chapeau haut-de-forme et jean, fauteuil club en cuir craquelé, bouteille, piano… Imaginez ce poète qui s’interroge sur sa condition et son art. Imaginez un danseur qui joue vraiment la comédie, qui joue le poète, et le roi, comme un enfant, avec un bonheur évident qui masque la somme de travail.
Sa voix forte porte la poésie surréaliste d’Aragon, Drôle d’idée d’entremêler des textes d’Aragon et de Sheakspeare! La farce est autant physique que métaphysique, quand le roi changé en poète dandy fait des claquettes.
Etre ou paraître, est à mes yeux un petit bijou surréaliste. C’est absolument le corps, absolument le verbe, absolument la danse et le théâtre, ludique, profond et d’une beauté indiscutable.