King Kong Théorie a été adapté par Vanessa Larré pour le théâtre de La Pépinière. La transposition de cette œuvre autobiographique, de Virginie Despentes, réputée scandaleuse, semblait osée. Voilà maintenant la pièce au off d’Avignon, pour ceux et celles qui n’ont pu la voir à Paris.
Vanessa Larré a pris le parti de faire d’un roman sans personnage, une pièce dans laquelle trois jeunes actrices mettent un peu d’elles-même, sans pourtant changer le texte d’une virgule. La mise en scène est trash, mais réserve quelques surprises. La pièce offre une version de l’œuvre de Virginie Despentes complètement revisitée par la mise en scène et les personnalités des actrices, qui sortent de leur corps délicats une énergie virile, puissante, violente, bouleversante.
Dans la première séquence, Valérie de Dietrich, d’un ton définitif, pose avec justesse la place et le rôle de la femme dans notre société.
Assurément politiquement incorrect, le propos corrosif de cette pièce est jubilatoire à l’époque où l’état paternaliste et infantilisant veut régenter nos comportements à risques, condamner la prostitution et punir les clients. La condition féminine et ses évolutions, le sexe, le viol, la prostitution, la pornographie, sont au menu de King Kong théorie. En prime sont évoqués le tabac, la drogue, le suicide. Ici, les propos sont brûlants, âmes sensibles ça va être rude !
Dans King Kong théorie, il y a « du sale », « du cru », des corps qui expriment sans mièvrerie le sort des femmes, et même au passage celui des hommes. Des actrices sensibles, à l’image souillée, fardées, « habillées comme des putes », se donnent à l’œuvre, et au spectateur avec toute la violence du désir.
Et puis, il y a le dédoublement, les actrices, à la fois en chair et en couleurs sur la scène tandis que leurs visages mystifiés par le noir et blanc sont projetés sur un écran derrière elles.